Littoral. Le Département expérimente le tri sélectif

Que se passerait-il si on délaissait le tout mécanique pour soulager nos plages de leurs déchets ? Le Conseil général conduit une expérience de nettoyage manuel des plages.

Depuis septembre, le Département mène une opération expérimentale de nettoyage manuel du littoral. Objectif du Conseil Général des Landes et des quinze collectivités littorales: offrir un littoral propre tout au long de l’année pour y accueillir la fréquentation. Point fort de l'opération: la préservation de l’équilibre écologique du milieu. La démarche s’inscrit dans le cadre des Documents d’Objectifs établis pour les sites Natura 2000 de la côte landaise. Deux contrats ont été signés dans ce cadre entre l’Etat et le Département.

Tarnos et Mimizan au banc d'essai

Deux sites, situés à Tarnos et Mimizan, à l’écart des plages surveillées, d’environ un kilomètre de long et 15 mètres de large, ont été choisis pour cette expérience d’un an. Ces zones, classées Natura 2000, ne sont nettoyées qu'à la main depuis le mois de septembre 2008, à raison d’une à deux fois par mois. Les déchets anthropiques (fer, plastiques, verres, tissus, déchets de pêche, …) sont enlevés de façon sélective. Tous les autres éléments, type bois, algues, coquillages ou micro-cadavres restent à même le sable. "Cette opération s’inscrit dans une démarche de préservation de la bio-diversité", note Lionel Causse, Président de la Commission Environnement au Conseil Général des Landes. En effet, ces éléments, principaux constituants des laisses de mer, sont indispensables à la conservation d’espèces de plantes et d’animaux spécifiques, et parfois endémiques.


Plastique, ferraille et verre triés

Après consultation, les prestations ont été confiées à l’Office National des Forêts pour le site de Mimizan et à l’Etablissement Spécialisé d’Aide par le Travail "Le Colombier", à Biaudos. A chaque demi-journée, les travailleurs de l’ESAT, une douzaine, accompagnée de deux moniteurs, parcourent environ 500 mètres. Mais le jeu en vaut la chandelle. A l’issue de l’intervention, ils ramassent en moyenne 190 kg de déchets. "Nous trouvons toutes sortes de déchets sur les plages : ça va du coton-tige aux restes d’un canot de sauvetage ", explique Ludovic Sautreuil, directeur de l’ESAT. Le nettoyage manuel des plages permet un tri sélectif des matériaux. Armés de gants, pantalons et chaussures de sécurité, les travailleurs chargent des containers de verre, des sacs de ferraille et des poches entières de déchets plastiques. En revanche, on ne touche pas au bois sous toutes ses formes, aux déchets de poissons, aux petits cadavres, pour protéger l’écosystème. " On a l’impression de faire un geste utile pour la planète ", reconnaît Thomas, travailleur à l’Esat. " On laisse des plages propres pour les générations futures ", renchérit sa collègue, Noëlle. Le cahier des charges de la prestation prévoit que les métaux et les verres sont triés pour une évacuation classique en déchetteries. Les autres types de déchets, essentiellement des plastiques, intégrent des filières d’élimination par incinération mises en place dans le cadre du nettoyage mécanique.

Evaluation des incidences

Durant cette expérience, un suivi de la flore et de la faune est assuré par l’Observatoire de la Côte Aquitaine avec le concours de l’Office National des Forêts et la Société Linéenne de Bordeaux. "L’objectif est de démontrer à nos élus qu’il existe des alternatives au nettoyage mécanique et que la solution passera probablement par une combinaison des techniques", explique Lionel Fournier, responsable du service Espace Littoral de la Direction de l’Environnement au Conseil Général des Landes. Si elle s’avère probante, l'opération pourrait être reconduite et étendue à d’autres plages, dès l’année prochaine.